28 mars 2007

Ateliers d'expression et public âgé




Mon action sur le terrain.

Parallèlement à mon cheminement en tant que formatrice, j'ai développé sur le terrain des ateliers d'expression (à travers la peinture et à médiation corporelle) auprès de différents publics : enfants, adultes et notamment personnes âgées dépendantes et leurs aidants. Depuis 2004 je mène cette action au sein de l'association ARATOUSAGES.

Mon action sur le terrain s'est développé de façon empirique. Elle s'est nourrit des questionnements que je me pose depuis mes débuts en tant qu'étudiante de Beaux Arts à propos de la nature profonde de l'art et du rôle qu'il peut avoir dans le processus d'individuation et de socialisation.

voir le blog d'ARATOUSAGES...



La naissance d'un projet.

Ma première expérience auprès du public âgé en institution remonte à l'année 1994. J'étais étudiante à l'école des Beaux Arts de Madrid. J'ai eu l'occasion à cette époque de mettre
en place mon premier Atelier de Peinture Libre au sein d'une maison de retraite.

Au début, personne n'y croyait. Les résidents ne se sentaient pas capables (la plupart n'avait jamais dessiné depuis l'enfance) et refusaient d'un « NON ! » catégorique. La directrice ne trouvait pas trop d'intérêt à ma démarche mais laissait faire... J'étais la seule convaincue qu'il y avait là un fil à tirer.

En peu de temps les couleurs et les formes ont fini par séduire quelques résidents (pour certains il a fallut bien plus de temps). Dans tous les cas, séance après séance, chaque participant, se déployait progressivement, à son rythme et selon ses possibilités. Les réalisations montraient avec de plus en plus de liberté et spontanéité, parfois même avec de l'exubérance, leurs univers, leurs histoire, leurs expérience de vie, leurs singularité.


"Je ne suis pas douée pour ça. Peut être la peinture est un don des mortels que je ne mérite pas. C'est dommage!" Pilar, 82 ans.





"Regardez, c'est moi qui l'ai fait!", Josefa, 81 ans.


J'étais complètement émerveillé. L' œuvre était brute, parfois même moderne, en aucun cas stéréotypée ou enfantine, elle était chargée de contenu. Auprès des personnes âgées, j'apprenais à mon goût plus sur l'essence de l'art qu'à la faculté de Beaux Arts ...




"C'est un homme robot", Basilisca, 83 ans.



L'atelier était devenu un moment de pure jouissance, avec des hauts et des bas certes, mais cela fait bien parti de tout processus de création.

La directrice a bientôt constaté l'incidence de l'atelier dans la vie quotidienne des résidents : une amélioration dans le moral de certains résidents, qui favorisait à son tour les relations entre les résidents mais aussi les rapports avec le personnel soignant, qui n'a pas tardé à faire des commandes et établir des listes d'attente pour avoir droit à l' œuvre des artistes.


Dans cette expérience, mon intuition s'est confirmée : la capacité de création chez la personne âgée n'attend qu'une chose, être sollicitée. Nous avons tous constaté l'incidence sur l'épanouissement de la personne âgée et cela quel quel soit son niveau de dépendance.

"Fran-questein", Rosario Santillana, 79ans.



Vers une professionnalisation.


En 2000, je m'installe en France et décide de professionnaliser ma démarche. Les formations d'art thérapie ne me séduisent pas, dans la mesure où la vieillesse n'est pas abordée et la notion de thérapie ne me correspond pas. Je me penche plutôt vers l'animation et suis la formation BEATEP spécialisée public âgé auprès des CEMEA.

Mon rapport de stage « Expression et image de soi à travers les arts plastiques », où je développe pour la premier fois une pédagogie de la création qui répond à la problématique du public âgé en institution, attire l'attention de mes formateurs qui me proposent d'intervenir par la suite dans la formation de futurs animateurs.

En 2001, la rencontre avec Sophie Bouchet, psychologue spécialisée dans les Pratiques Corporelles (DESS Université Montpellier II), me permet de transposer l'approche dans l'activité corporelle (activité physique adaptée). Ceci vient élargir et compléter ma pratique auprès du public âgé tant sur le terrain que dans la formation.






Mon projet aujourd'hui.

Mon projet professionnel se définit depuis par la volonté de disséminer cette pédagogie de la création auprès du plus grand nombre. Parallèlement à la formation, je me propose d'intervenir ponctuellement dans différentes structures pour mettre en place des ateliers de création.






Ainsi, depuis 2004, j'agis au sein de l'association ARATOUSAGES.

Plusieurs actions sont menées, entre autres, dans les cantons de Ganges et St Martin de Londres.


Après mon installation dans le Lodévois en 2006, seul l'atelier peinture de Viols-le-Fort (voir film documentaire « L 'atelier peinture ») se perpétue : le relais est pris, après un travail de transmission, par une collègue infirmière et artiste.



1 commentaire:

Oriane a dit…

Super article ! Bravo