09 juillet 2007

L'art malgré nous

ou comment je vis et je comprends le processus de création à travers la peinture




Nous sommes constitués d'un bouillonnement de mille facettes. Ces "alter ego" sont enfouis, confinés, retenus à l'intérieur de nous même afin de maintenir une image socialement acceptable.
La société n'autorise qu'une seule facette par personne. Une seule vérité bien stable à laquelle s'identifier. C'est plus facile à étiquetter, à ranger dans une petite boîte.

Ce qu'on appelle "le contrôle de soi", c'est quand on est pris dans ce jeu de définition unique, quand on se regarde soi-même avec le regard des autres, quand on se force dans le personnage qui nous a été attribué.

Ce contrôle de soi fonctionne comme une digue derrière laquelle toute cette énergie chaotique se retrouve contenue. De la même manière que l'eau s'écoule, l' énergie se manifeste quoi qu'il arrive ; ça déborde, ça sort du moule sans être compris ni attendu : pour se rassurer on appelle ça de l'hystérie. L'énergie peut se retourner contre nous, devenir violente et même dangereuse. Elle peut être à l'origine de toutes sorte de déviations comportementales, bouffées délirantes, schizophrénie, folie...

Cette énergie, ce chaos interne, a un sens. Il s'agit d'une énergie créative primordial* que nous portons tous en nous. Elle est en analogie avec la complexité de l'univers dont nous sommes issus. Elle est aussi insondable que l'univers même. Une fois reveillé, elle peut avoir une puissance telle que la contrôler devient impossible. Toute tentative de luter contre se retourne contre nous d'une façon ou d'une autre. Pour arriver à la dompter, on ne peut que se laisser emporter par elle comme un surfeur sur une vague.

Il existe un équilibre subtil entre la maîtrise d'une pratique artistique et le lâcher prise qui laisse l'espace à cette part d'inconnu et d'incontrôlable. C'est à ce moment là que le chaos se manifeste à petites doses, prend forme et s'ordonne dans l'action donnant forme à un art symbolique qui nous transcende.

L'expression de cet art se fait malgré nous.

La peinture est un langage. Un langage purement symbolique et non verbale. Elle est pour moi un moyen d'introspection et de communication intime où le monde concret et le monde de l'inconcient se rencontrent. Je me retrouve confronté à toute la complexité de mon être, chaos inclus. Je le vie comme un acte corporel et contemplatif. Un jeu d'équilibre entre ma part consciente et ma part inconsciente, entre le contrôl et l'inconnu, la maîtrise et l'accident.

Plus on s'engage, plus on va loin.


*Energie primordial ou kundalini.

Réedition française du texte "Art despite of us",
revisité en 2007
Malena Merlo
en collaboration avec Stéphane Meden.

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Art despite of us

There are many "other selves" retained and condensed in oneself in order to maitain a socialized behavior and to hold on to the safety of one one's personal truth.
What we call "to have control of ourselves" is not but the hypocritical pretention to keep quite a great potential that has been inevitably reduced into hysteria in all sorts of forms and faces.
To let thes "other selves with in" manifest in a creative way is like working on an uncut diamond. It is no use to control the potential but rather to control the practice that transforms and releases it.
The action will become a practice only under the state of free will.

The more you let go, the further you go.





Au-dessus,
"Art despite of us", texte : Malena Merlo
dessin : Stéphane Meden
Ci-dessus,
Poème "Let's dance toguether",
page de gauche, texte : Malena Merlo
dessin : Stéphane Meden
page de droite, texte : Stéphane Meden
dessin : Malena Merlo.
Ci contre, couverture du fanzine "Other Self"
Publié en 2000
"The other self project",
à l'ocasion du Holland Festival in Greece.


Pour en savoir plus voir l'article mon cheminement dans la peinture...



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